Réinventer l’éducation au Sénégal, défis, conséquences et solutions pour un avenir meilleur

L'éducation constitue un pilier fondamental du développement d'un pays. Cependant, le système éducatif sénégalais est confronté à de nombreuses difficultés, et ce, à tous les niveaux : du préscolaire au supérieur, en passant par le primaire et le moyen secondaire. Ces défis se traduisent par des perturbations récurrentes depuis plusieurs années. Ils s'expliquent notamment par l'insuffisance et la vétusté des infrastructures et des équipements (mobilier et immobilier), la non-pertinence des programmes enseignés, ainsi que par l'insuffisance et la précarité du personnel enseignant.

Dans ce qui suit, je vais exposer brièvement ces problèmes tout en proposant des solutions.

  1. L'insuffisance et la vétusté des infrastructures

De nombreuses écoles, construites entre 1960 et 1990, sont toujours en activité, bien qu'elles n'aient pas été rénovées régulièrement. Cet état de fait explique le délabrement de certains bâtiments, le manque de commodité et leur inadéquation avec les besoins actuels. Par ailleurs, bien que de nouvelles écoles soient créées chaque année dans diverses localités, les conditions préalables à leur ouverture ne sont pas toujours respectées. Cela conduit à une prolifération des abris provisoires, qui affaiblissent le système éducatif.

Solutions :

- Réhabiliter tous les bâtiments vétustes.

- Éradiquer définitivement les abris provisoires.

- Respecter les normes avant l’ouverture de nouvelles écoles, notamment en construisant des salles de classe équipées pour faire face à la croissance démographique.

  1. L'insuffisance des équipements (mobilier et matériel)

Le Sénégal enregistre actuellement un déficit de 300 000 tables-bancs. Les bibliothèques sont quasi inexistantes, les laboratoires ont disparu, et les supports pédagogiques sont très insuffisants, voire inexistants dans certains établissements. À l'ère du numérique, l'absence quasi totale de salles informatiques dans les établissements du moyen secondaire est préoccupante, surtout dans un contexte où la digitalisation et le télétravail prennent de l’ampleur.

Conséquences :

Ces insuffisances freinent l’intérêt pour les matières scientifiques, diminuent la qualité des enseignements et des apprentissages, et alimentent la paresse dans la recherche.

Solutions :

- Augmenter chaque année la dotation en tables-bancs.

- Renforcer les supports pédagogiques.

- Équiper les établissements en bibliothèques, laboratoires et salles informatiques.

  1. La non-pertinence des programmes

Une grande partie des diplômés académiques sénégalais ne possèdent pas de qualifications adaptées au marché de l’emploi. Beaucoup se tournent vers des formations professionnelles après leurs études académiques pour acquérir des compétences. Ce problème découle de programmes mal adaptés aux réalités locales.

Solutions :

- Organiser des assises nationales pour réfléchir à des programmes adaptés aux besoins du pays.

- Intégrer les langues nationales et les métiers techniques dans les cursus.

- Renforcer les études sur l’histoire du Sénégal pour valoriser le patrimoine culturel et national.

  1. L'insuffisance et la précarité du personnel éducatif

Au Sénégal, un enseignant doit gérer en moyenne une classe de 75 élèves, alors qu’un médecin couvre une population de 10 000 habitants. Cette disparité est due au fait que tous les habitants ne tombent pas malades en même temps, tandis que les élèves, eux, assistent aux cours simultanément. Ces effectifs pléthoriques dans les classes ne sont donc pas imputables aux enseignants eux-mêmes.

Solutions :

- Revoir le système indemnitaire et de rémunération pour corriger les injustices envers le personnel enseignant.

- Dématérialiser les démarches administratives pour permettre aux enseignants de gérer leur carrière de manière plus efficace et réduire les absences.

- Accélérer la formation des enseignants contractuels et chargés de cours dans les collèges.

- Intégrer les enseignants décisionnaires dans la fonction publique.

- Recruter annuellement un nombre suffisant d'enseignants à tous les niveaux.

Maodo Thiam

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